La Semaine du Goût en octobre a été l’occasion pour de nombreux enfants de découvrir des produits, des métiers, mais aussi de nouvelles connaissances. À Paris, à l’école Vauvenargues, sous l’impulsion de trois maîtresses, des écoliers ont pu profiter des connaissances de trois chefs pour approfondir leur culture.
Par Noémie Giraud
Lors de la Semaine du Goût, du 14 au 20 octobre 2024, plusieurs événements ont eu lieu à travers toute la France, favorisant les rencontres entre les professionnels et le grand public. Une semaine « précieuse pour sensibiliser chacun à l’importance de choisir des aliments de qualité, d’apprécier la diversité des goûts et de comprendre que chaque repas est une célébration de la culture, de la santé et du plaisir », comme l’aime à le rappeler le chef Grégory Cohen, également parrain de cette 35e édition. À cette occasion, des Leçons de Goût se sont déroulées au sein de plusieurs écoles partout en 
France, à destination des primaires. À Paris, le chef Grégory Cohen était accompagné d’Alice Tuyet (cheffe de Faubourg Daimant) et de la MOF poissonnière écaillère Sonia Bichet. Tous trois sont intervenus le 14 octobre dans l’école élémentaire Vauvenargues (18e arrondissement).
Reconnaître les cucurbitacées
À 9h, direction la première classe de CM1/CM2 pour en apprendre davantage sur les produits de saison et locaux avec Grégory Cohen. L’occasion de faire un rappel sur les courges. Après avoir fait un tour de classe, le chef sort ses aliments pour les présenter : butternut, potimarron, pâtisson, citrouille. Il réserve une surprise à ses spectateurs du jour. « Il s’agit de légumes achetés au supermarché. Maintenant, je vais vous montrer ceux qui poussent dans mon jardin. » Ébahis par la différence de taille, les enfants continuent de répondre aux questions du chef : qui a déjà goûté au potimarron ? 
Quelques mains se lèvent : « c’était très bon » ; « oui, mais je n’ai pas aimé » ; « je ne connaissais pas et j’ai trouvé ça pas mal », répondent-ils. Aujourd’hui, ils auront l’occasion de le cuisiner avec le chef, en le caramélisant avec du miel. Grégory Cohen improvise alors une petite leçon sur la pollinisation des abeilles et sur les différents types de miel existant. Soucieux de faire passer des messages importants, il n’oublie pas de sensibiliser les plus jeunes sur son aspect précieux.
Raconter l’histoire du produit
« Le but est de vraiment les intéresser et de leur raconter l’histoire du produit, comment il évolue, ce qu’on peut faire avec, comment on le cuisine. Avec le miel, on leur explique qu’il en existe des bons et des mauvais fabriqués avec différents produits. On prend le temps de dérouler un fil et de montrer l’impact du vivant sur le vivant et de l’environnemental sur le 
sociétal », explique-t-il.
Il est déjà l’heure de goûter ! Malgré un succès mitigé, ils sont ravis d’avoir découvert de nouvelles choses, à l’instar d’Izia. « J’ai adoré le miel, les graines, mais pas tout ensemble avec le potimarron. Je connaissais, mais c’est pas tout le temps qu’on mange ça. »
Apprendre de nouveaux métiers
Iman, lui, a appris que le miel, « c’était délicieux ! ». Dans la classe d’à côté, Alice Tuyet présente son métier de restauratrice. « C’est vraiment bien de transmettre son savoir-faire et porter des messages forts ailleurs qu’au restaurant, encore plus lorsqu’il s’agit d’un jeune public. Aujourd’hui, mon but est de leur montrer que l’on peut faire plein de choses 
avec des légumes, dont le goût peut être très plaisant », souligne-t-elle. Pour elle, faire manger des légumes aux enfants doit passer par un aspect esthétique, avec des couleurs et du goût. Objectif de la séance : leur faire aimer les brocolis. En préambule, Alice Tuyet présente son restaurant, son fonctionnement et la conséquence du choix des produits de saison. « C’est très important de penser à la planète quand on cuisine. Choisir des produits de chez nous, de saison, c’est un petit geste ayant beaucoup d’impact », résume-t-elle avant d’en énumérer le nom de quelques-uns avec la classe, comme le potiron, la citrouille, le céleri, les champignons, les poires, « mais pas la banane ni le poivron », rappelle-t-elle en plaisantant, avant de passer à la réalisation de la recette. « Ensemble, nous allons faire un guacamole un peu spécial. Nous allons mélanger les ingrédients ensemble avant de goûter. Qui sait ce qu’il y a dans un guacamole ? » De l’avocat, des 
oignons, du jus de citron, des herbes, tout le monde est calé ! Aidés de la cheffe, ils mélangent les condiments dans la mousse verte, déjà prête. Il est temps de déguster. Et à l’unanimité, ils sont conquis !
Sensibiliser au local
et à l’écologie
« Est-ce que selon vous, il y avait de l’avocat dans cette recette ? » Aucun ne s’est fait avoir. Alice Tuyet en profite pour rappeler qu’il s’agit d’un fruit provenant d’Amérique du Sud et nécessitant beaucoup d’eau pour pousser. « Il y a beaucoup de ressources nécessaires pour le cultiver et l’importer en France. C’est mauvais pour la planète et pour éviter cela, aujourd’hui, j’ai choisi le brocoli », révèle-t-elle, à la surprise générale.
Direction la classe de CP/CE1 et la présentation de Sonia Bichet, déjà habituée aux Leçons de Goût. « Pour moi, c’est une 
évidence. Il y a un manque d’information autour du poisson et des produits de la mer chez les parents et donc forcément chez les enfants. Cela a un coût et tout le monde n’y a pas accès. Je suis là pour leur expliquer qu’il existe d’autres poissons que le poisson pané. » Le but de son intervention est alors de leur présenter un poisson entier, de leur faire toucher pour les désapeurer, mais aussi de le leur faire goûter en version crue. Un challenge technique pour une classe aussi jeune.
Après avoir expliqué son métier aux écoliers, il est temps pour Sonia Bichet de leur faire découvrir un bar et un maquereau, et leur expliquer comment ils respirent et se déplacent dans l’eau. Les poissons sont passés dans les rangs pour les voir de 
plus près. « Oh, c’est gluant ! », s’exclament les CP avant la découpe des filets et la fameuse dégustation. La cheffe passe ainsi en revue tous les morceaux avec eux avant de les préparer.
Deux recettes sont prévues : l’une au citron, l’autre à la sauce soja afin de reconnaître les différentes saveurs.
Plus réticents à manger du poisson cru, certains ont été très surpris ! « J’avais peur de goûter, mais finalement, j’ai bien aimé le poisson avec le citron », commente Tiguida. Le fin mot de la journée sera pour la cheffe : « Il est important de jeter vos déchets dans la poubelle pour ne pas les retrouver dans l’océan et éviter que les poissons ne soient malades », rappelle-t-elle en prévention.
En chiffres
Près de 16 000 classes, de la maternelle au CM2, sont inscrites chaque année afin de recevoir un professionnel pour une Leçon de Goût.
En 2024, 2 600 professionnels ont répondu présent et sont intervenus dans les classes. Le but étant d’apprendre dès le plus jeune âge la saisonnalité des produits, les variétés, leurs saveurs et comment les consommer dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée. Chef, agriculteur, boulanger, boucher, apiculteur… les profils sont variés !
Des maîtresses impliquées
À l’école élémentaire Vauvenargues, la Semaine du Goût est toujours à l’honneur depuis plusieurs années, grâce à la volonté de trois maîtresses. Tous les ans, une demande est faite pour réaliser une Leçon de Goût dans leur classe. « Les élèves sont toujours heureux d’apprendre de nouvelles choses. On essaye toujours de varier les thèmes pour rendre ça divertissant », souligne l’une des maîtresses de CM1/CM2, Caroline Lefèvre. Cette année, ils ont pu, à la suite de l’intervention des chefs, aller au marché acheter différents produits en vue de les cuisiner pour leurs parents. « L’idée étant de rebondir sur ce qu’ils ont vu avec les intervenants et de travailler autour du bien-manger. Dans ma classe, nous avons aussi prévu de prolonger l’intervention du matin par une production écrite de ce qu’ils ont appris, aimé et pas aimé. »
Paroles d’enfants
La Semaine du Goût est l’occasion de découvertes, comme Tia qui a appris « que le miel de printemps est plus rare que le miel d’été. Mais aussi que c’est grâce aux abeilles que l’on vit plus ». « J’ai bien aimé quand on a pu venir aider pour la recette », ajoute Hugo. Son camarade, Ismaël, lui, a été très heureux d’en savoir plus sur le métier de restaurateur. « J’ai appris que travailler en équipe, c’est très important. Avoir un restaurant, c’est beaucoup de travail, mais ça fait des sources d’inspiration pour les gens. » Et côté découverte culinaire ? Aksel a pu goûter le brocoli et « c’était très bon ! ».
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