Comme nous l’annoncions dans notre précédent numéro, les Victoires des cantines rebelles se sont tenues le 18 octobre dernier à l’Académie du Climat de Paris, dans le 4e arrondissement. Nous vous avions présenté brièvement les gagnants, retour plus détaillé ce mois-ci sur la remise des prix.
Par Noémie Giraud
L’Académie du Climat de Paris a, cette année encore, accueilli les Victoires des cantines rebelles, organisées par Un Plus Bio. Le 18 octobre, après avoir réuni plusieurs acteurs de la restauration collective, élus et autres chefs autour de 3 tables rondes (voir Table ronde scolaire), Laurent Mariotte et la journaliste Natacha Polony, marraine de cette 8e édition, ont remis leurs trophées aux lauréats. « Nous sommes ici pour récompenser des collectivités et des associations qui s’attaquent au sujet de l’alimentation sur leur territoire. Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de se saisir de la question de l’alimentation pour notre santé, notre environnement et nos valeurs éthiques et morales et pour notre avenir. Il est évident que les pouvoirs publics doivent se saisir de cette question, mais aujourd’hui chaque collectivité et chaque personne qui œuvre à cette question a déjà gagné », introduisait Mathilde Bezace, présidente du jury.
Des villes investies…
Les Victoires ont été remises à 5 lauréats concourants pour les catégories Village gaulois, Cité rebelle, Cantines « hors les murs », Capitale nourricière et Pays de cocagne. Le SIRP (Syndicat intercommunal de regroupement pédagogique) du Coutach à Quissac (Gard) a réuni 6 communes pour construire une cuisine de production écologique mutualisée. Ce projet ambitieux lui a permis de remporter la Victoire du Village gaulois. « Ce choix ambitieux a été fait il y a déjà 5 ans. Notre
cuisine de production est labellisée 3 carottes Ecocert, avec 78 % de produits bio, depuis avril 2023. Sachant que nous l’avons ouverte en février 2022. Nous visons le niveau excellence pour 2024 », a souligné Quentin Clairembourg, directeur général des services du SIRP du Coutach.
Pour la Victoire de la Cité rebelle, direction Millau (Aveyron), une ville qui affiche 2 Victoires à son compteur (la 1re en 2017). La ville, qui a progressé dans ses achats en agriculture biologique, porte depuis le début du mandat 2020 un projet politique « qui parle de convictions fortes liées au bien-manger, à la santé, à l’environnement et à la solidarité envers les populations les plus fragiles. Ces convictions s’articulent principalement autour de 3 objectifs : aller vers le 100 % de produits issus de l’agriculture bio et locale d’ici la fin du mandat en 2026, et ce grâce à un maillage territorial fort et notre coopération avec plus de 25 producteurs locaux ; la mise en place d’une tarification sociale avec un taux d’effort pour la cantine avec un prix plancher à 1 € ; la lutte contre le gaspillage alimentaire et les déchets avec la sortie du plastique, la mise en place d’un programme global d’actions et d’ateliers pédagogiques sur le temps scolaire et périscolaire », a indiqué Aurélie Éson, adjointe à l’Éducation et à la Restauration collective.
… pour l’amélioration
de la qualité dans les assiettes…
Quant à la ville de Paris, qui remporte la Victoire de la Capitale nourricière pour sa Direction des Familles et de la Petite Enfance, le plus gros défi pour proposer 80 % de bio dans ses crèches a été la relocalisation des achats. « Nous servons 18 000 repas au quotidien et nous saluons le travail des agents techniques pour cette prouesse. Mais aussi la volonté très forte de la mairie de Paris qui s’inquiète de la santé de nos enfants. Notre but est d’atteindre les 100 % de bio en mars 2024 et nous espérons que nos résultats pourront inspirer d’autres villes en leur prouvant que c’est possible », attestait Sandra
Merle, cadre de santé diététicienne à la Direction de la Petite Enfance de Paris.
L’amélioration de la qualité de la restauration est le fer de lance de la communauté de communes du Haut-Allier (Lozère), qui est repartie avec la Victoire du Pays de Cocagne. Le challenge : structurer une offre alimentaire locale. Pour cela, elle a dû s’associer à la Chambre d’Agriculture. « Notre souhait était de mettre l’alimentation saine et durable pour tous au centre de notre population. Les agents des cantines scolaires se sont formés, nous avons un gros travail au niveau du social avec des ateliers autour de l’alimentation, et même les acteurs culturels se sont emparés de la question pour faire des actions en faveur de l’alimentation pour tous. »
La Maison-phare de Dijon (Côte-d’Or), lauréate de la Cantine « hors les murs », a, elle, investi la rue pour faire de la cuisine et du maraîchage urbain dans un quartier où l’agriculture avait disparu. « Nous pouvons y faire à manger 4 fois par semaine, mais il y a aussi un café-resto et bientôt une conserverie sociale. Tous les âges peuvent s’y mêler pour que manger ensemble devienne l’adage de tout un quartier », ont précisé les éducateurs.
… et l’éducation alimentaire !
À ces 5 lauréats, se sont rajoutés 3 prix spéciaux : le Coup de cœur des mangeurs (vote en ligne), le Coup de cœur du jury et la Victoire de l’engagement politique. La Bazouge-de-Chéméré (Mayenne), Coup de cœur des mangeurs, a repris en main la restauration collective et cuisine aujourd’hui des repas bio et locaux aux 45 enfants de l’école. « C’est une aventure qui a démarré il y a 8 ans et qui nous a permis d’être nommés Cantine exemplaire par la préfète de la Mayenne. Tout le village et le cuisinier sont engagés dans ce projet d’amélioration de la qualité. » C’est pour la mise en place de la gratuité de la cantine pour tous les enfants du primaire que la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a remporté le Coup de cœur du jury. « Ce projet, c’est aussi garantir le retour de nombreux enfants à la cantine et cela permet d’envisager le temps de l’école comme un temps universel et gratuit », s’est enthousiasmé Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis.
Enfin, la Métropole de Lyon a décroché la Victoire de l’engagement politique. Elle a vu son taux de bio un peu plus que quadrupler en 5 ans, en passant de 6 à 28 % et souhaite désormais passer aux contenants en inox. « Ce sont tous nos agents qui travaillent au quotidien dans nos collectivités et qui œuvrent pour faire appliquer nos feuilles de route parfois un peu ambitieuse. Cette politique alimentaire, de la graine à l’assiette, a beaucoup infusé dans nos directions et nous avons des cuisiniers très engagés qui ont cette volonté de partager avec les élèves. Tout comme notre tissu associatif qui est très engagé dans l’éducation à l’alimentation. »
Les lauréats en bref
Catégorie « Village gaulois » : le SIRP du Coutach à Quissac dans le Gard – 5 200 habitants
Catégorie « Cité rebelle » : Millau (Aveyron) – 22 000 habitants
Catégorie « Capitale nourricière » : Paris – 2,14 millions d’habitants
Catégorie « Pays de Cocagne » : communauté de communes du Haut-Allier (Lozère) – 10 communes, 5 200 habitants
Catégorie « Cantine hors les murs » : La Maison-Phare (Dijon, Côte-d’Or)
Le Coup de cœur des mangeurs : La Bazouge-de-Chémeré (Mayenne) 530 habitants
Le Coup de cœur du jury : Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) 114 000 habitants
La Victoire de l’engagement politique : Métropole de Lyon – département, 1,4 million d’habitants
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